Jivko
Sculpteur
Le monde personnel de Jivko
L'œuvre d'art naît la plupart du temps du rêve de l'artiste que
concrétise sa création, ainsi en est-il de la sculpture de Jivko
dont l'inspiration poétique ne sacrifie pas la valeur plastique.
Depuis le lointain âge de Bronze, ce matériau a toujours séduit
les artistes qui, à travers lui, ont transmis leurs émotions depuis
des siècles. Dans notre monde artistique où tout est admis, l'œuvre
à la figuration intelligente et si personnelle de Jivko qui n'écoute
pas les sirènes de la mode, est un vrai bonheur. Son travail est
le fruit d'une exigence réfléchie et d'un élan plastique qui ne
craint pas les références au passé lointain tout en suivant ses
pulsations intimes, oscillant entre mythe et réalité. L'invention
est chez lui permanente et s'affirme d'une exposition à l'autre.
Les figures mythiques issues des profondeurs de la mémoire associées
à l'imagination créatrice à partir de la réalité ont nourri son
œuvre passionnée qui aujourd'hui, se fait plus poétique sans doute
mais toujours aussi forte.
A travers la matière, l'artiste tente de percer le mystère qui habite
tout être humain, d'exprimer ses interrogations permanentes comme
le révèle Vestiges de l'Esprit par exemple. L'esprit guidant le
reste, Jivko architecture patiemment son œuvre dense. Ajoute, retranche,
strie les plaques de cire de griffures, ciselures, visages, empreintes
diverses avec le souci des vibrations lumineuses sur ces plans parfois
superposés qui s'interpénètrent; quelques vides dialoguant avec
la masse. Volumes vivants, rythmés, à la géométrie adoucie même
s'il arrive qu'elle devienne anguleuse.
Impressionnant et superbe, le monumental violoncelliste Après le
concert encore tout habité de musique et qui semble inviter le spectateur
à ses côtés afin de partager son émotion.
Mais le sculpteur n'a pas renoncé au monde anthropomorphe qui l'intéresse
: sirènes, poissons à tête et parfois membres humains dans une fusion
parfaite entre l'homme et l'animal. Ils sont le symbole de sa liberté
de créateur qui poétise le monde pour mieux l'affronter sans doute.
L'attention est bien vite attirée par le travail de la matière habitée
de visages et de mille traces, celle des doigts aussi, et la découverte
se fait dans un lent tête à tête. La patine brun clair que Jivko
réalise, accroche la lumière et ajoute encore à la beauté de cette
œuvre aux sonorités baroques parfois, expression du monde intérieur
de Jivko doué de ce feu créateur sans cesse renaissant pour une
quête éternelle de l'univers.
Nikole Lamotte
critique d'art -2002
>>>
retour
|